Ce qui ne me tue pas me rend plus mort ! (1)
Ou : positivisme bon marché, je te hais !
Situation maintes fois vécue. J’ai mal et on me demande « Ca va ?
J’ai bien souvent et selon mon humeur l’outrecuidance de faire comme s’il s’agissait vraiment d’une question (Quelle naïve, n’est-ce pas ? Oui, oui, je vous entends le penser d’ici, ça va, pas de ça entre nous, oui je suis naïve et j’y tiens, na !) et de répondre vraiment.
Donc si on me demande et que ça va pas, bien souvent je réponds « Bof, nan »
Et là…
... C’est le drame !
Ca a pour effet de déclencher un état de mal être intense chez mon interlocuteur-faux-Q(uestionneur)
Je vois son regard errer cherchant un improbable souffleur de la Comédie Française affleurant d’un trou dans le sol de la salle de pause au boulot, dans le macadam de la rue, dans le carrelage poisseux d’un fast-food répugnant, bref, dans le décor de rêve de cette magnifique démonstration d’instinct de conversation.
Un animal pris au piège et ses regards de détresse, ses appels au secours dans le vide sidéral de deux minables solitudes. Magnifique et digne des plus beaux documentaires animaliers, je vous le raconte au ralenti artistique, dramatique et théâtral, hein mais en fait, ça va très vite.
Alors très vite, on me répond, on me sermon, on me donneur-de-leçonne, on me lot-de-consolationne, on me positive-à-la-conne !
Ca va passer, j’en ai vu d’autres et puis, et puis…
On me sert enfin la petite philosophie préfabriquée en kit, prête à réchauffer au ‘cro-ondes. Celle qu’il y a même po besoin de faire des épluchures qui puent dans la poubelle avant de l’apporter toute lisse, luisante et à peine fumante au centre de la table autour de laquelle les convives font des tronches de pub pour Flunch !
Mouais, j’en sortirai plus forte
Qu’ils disent…
Et mon cul il est fort ?
